Château de Fléchères

Les décors peints de Pietro Ricchi

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La salle des perspectives - Mur ouest
La salle des perspectives - Mur ouest

Les fresques d’un artiste italien

Pietro Ricchi (1606-1675), né à Lucques en Toscane, s’était formé sur les grands chantiers de Florence puis dans l’atelier de Guido Reni à Bologne.
Il était venu tenter sa chance à lyon, où de nombreux marchands et banquiers lucquois s’étaient établis dès la fin du 15e siècle.
De son séjour de quatre ans (Provence, Lyon, Paris), rien n’a survécu sauf les décors du château de Bagnols (Rhône) et surtout ceux du château de Fléchères.

Le recours à un artiste italien, le procédé retenu (la peinture « à fresque », très fréquente en Italie mais rare en France surtout dans un édifice civil) et l’ampleur de la commande (la totalité des salles, à l’exception du temple) s’explique sans doute par la volonté de réaffirmer l’origine italienne de la famille Sève, imaginaire mais officialisée depuis peu par le duc de Savoie...

La chambre de la Parade
La chambre de la Parade

La chambre de la Parade

En 1594, Jean Sève avait été un des chefs de la révolte qui ramena Lyon sous l’autorité d’Henri IV, après cinq ans de dissidence.
En 1595, il organisa la « Grande Entrée » du roi sous forme d’un défilé auquel participaient soldats et notables.
Pour évoquer ce moment capital dans l’ascension de la famille Sève, Pietro Ricchi présente tout autour de la pièce les soldats qui figurent sur la gravure de l’évènement : tambour, porte-drapeau, hallebardier, mousquetaire, etc.
Ils sont vêtus à la mode du temps d’Henri IV car Pietro Ricchi s’est inspiré de gravures d’après Goltzius (1589).

A l’époque de Louis XIII et des tensions avec les protestants, on comprend l’intérêt pour Mathieu de Sève de célébrer un évènement où sa famille s’était illustrée en faveur du premier roi Bourbon.

La chambre d’Hercule
La chambre d’Hercule

La chambre d’Hercule

Les Albret, ancêtres maternels du roi Henri IV, prétendaient descendre du héros grec, et Henri IV sera souvent célébré comme « l’Hercule françois ».
Pour son entrée à Lyon en 1595, Jean Sève avait donc fait réaliser des arcs de triomphe et des statues à la gloire des deux héros.
La chambre peinte par Pietro Ricchi évoque ces décors de fête et son Hercule a, bien évidemment, la physionomie d’Henri IV.
Hercule était l’image de l’homme qui accepte les épreuves de la destinée pour parvenir au salut éternel. Ses exploits avaient donc pris au XVIe siècle un sens symbolique. Par exemple, le combat contre l’hydre de Lerne représentait, selon l’occasion, le Christ descendant aux Enfers pour libérer les âmes, la lutte du chrétien contre les péchés, des protestants contre la Ligue catholique ou d’Henri IV contre les guerres civiles...

La salle des perspectives - Mur est
La salle des perspectives - Mur est

La salle des perspectives

Les architectures peintes en perspective étaient fréquentes en Italie au début du XVIIe siècle mais encore rares en France.
Pietro Ricchi ne reprend pas des modèles italiens mais s’inspire de gravures hollandaises de Vredeman de Vries.

Cette salle a été peut-être voulue comme le souvenir d’une des plus belles fêtes de la Renaissance, celle de l’entrée solennelle du roi Henri II à Lyon en 1552. C’est le grand oncle de Mathieu de Sève, le poète Maurice Scève, qui en avait été l’organisateur avec le célèbre architecte italien Serlio.
Les perspectives peintes sur le parcours royal y avaient été particulièrement admirées.

La chambre des vertus
La chambre des vertus

La chambre des vertus

Quatre jeunes filles symbolisent les vertus cardinales, Justice, Force, Tempérance et Prudence. Les colonnes torses évoquent le Temple de Jérusalem qui en comportait selon la légende médiévale.
Dans la fête en l’honneur d’Henri II en 1552, un arc de triomphe dédié aux vertus cardinales était pareillement orné de colonnes torses.

L’antichambre des chasses
L’antichambre des chasses

L’antichambre des chasses

Dans l’antichambre du rez-de-chaussée, qui servait pour les repas et les réunions avec la famille et les amis, les fresques représentent des chasses. Celles-ci ont une signification morale, chacune représentant un vice que nous devons chasser hors de nous-même : le lion ( l’orgueil ), le sanglier (la luxure), le cerf ( le refus des autres ), la panthère au miroir (l’illusion des sens).